Feedthrough – Appareil permettant la transmission d’ondes électriques à travers des parois épaisses sans en altérer la qualité. C’est aussi la contraction de la locution anglaise to feed through – se répercuter, au sens de l’impact.

Jeu d’images entre gigantisme et miniature, Feedthrough est une performance visuelle et sonore qui s’organise autour d’une surface liquide portée en vibration par les ondes sonores. Ce que l’on voit s’inspire de ce qu’on entend et inversement. Le scénario navigue dans une eau troublée par les actions de Christophe Bergon et un espace sonore qu’Arturo Corrales et Benoît Moreau remplissent de sons électroniques et d’ambiances naturalistes étranges.
Un paysage se construit sur la surface de l’eau où les matériaux nagent et entrent en vibration grâce aux ondes sonores. A la manière d’un textile qui épouse la forme d’un corps, le fluide se sculpte, se fige et s’évapore pour laisser place à une forme indéfinie entre une “estampe argentique” et les résidus d’un monde imaginaire.

Le son
En premier lieu, le son cherche à faire entrer l’eau en mouvement. D’abord inaudible mais visible par son effet sur la surface liquide, la vibration sonore se fait ensuite entendre, comme un son sourd et difficilement identifiable.
Diffusées sous le bassin à l’aide de haut-parleurs – vibreurs, ces fréquences graves sont ressenties physiquement et perçues grâce aux ondes aquatiques qu’elles provoquent. L’irisation de l’eau peut varier en fonction de la fréquence émise et du vibreur utilisé sous le bassin.
L’univers sonore se développe alors comme une extension de ces vibrations. Des sons électroniques s’allient à des sons du quotidien, des enregistrements de nature et de voix humaines. Les limites entre eux sont volontairement brouillées pour faire naître des atmosphères étranges qui jouent avec la scénographie, parfois en l’illustrant, parfois en y ajoutant une dimension pour mieux la contredire ensuite et perturber la perception du public.
Le dispositif sonore est organisé autour d’une multidiffusion qui comprend une quadriphonie extérieure au bassin et une série de sources sous le bassin. Ce dispositif et la pluralité des couches permettent une richesse pour l’écoute tant du point de vue de l’espace que du point de vue narratif et formel.

Une scénographie de la transformation

Thought through eyes  / «Pensée à travers les yeux» in Ulysse, James Joyce

Un bassin à hauteur de table, le public tout autour. À l’intérieur quelques centimètres d’eau y suffisent pour créer une surface miroir. Une surface qui va accueillir toutes les transformations: vibration, irisation, coloration, pigmentation métallique, objets, maquettes et ainsi jusqu’au paysage. Cette progression est une construction dramaturgique qui, à l’image d’un scénario, fait voyager l’imaginaire au gré des actions progressives induites par les vibrations sonores et les interventions de Christophe Bergon. Dans ce parcours il utilise de la chimie de coloration, des poudres d’or et d’argent, des éléments naturels (cailloux, arbustes) et des maquettes, simili d’architectures. Sous ces transformations le bassin devient le lieu-miroir pour un artéfact dynamique, le lieu d’une fiction sans corps ni texte, le lieu d’un rêve brouillé.