Dé-penser l’espace.

Chaque musique créé par analogie son espace de réception : de la salle de concert au walkman, en passant par le club, l’église, la voiture, la rue ou le bar… Mis à part quelques écarts qui ne font que renforcer ce précepte, la musique, par les réseaux de médiation qu’elle (s’)impose, est co-substantielle à son lieu d’écoute. Par ailleurs chaque espace possédant sa propre spécificité structurelle, architecturale, acoustique mais aussi ses propres codes d’appropriation et d’organisation sociale, il en résulte une pratique de l’écoute normée et somme toute sage et appliquée, le concert rock, la rave ou les dispositifs de musique improvisée ne faisant pas exception à la règle.

Le monde est vaste, …

voici le hors champs qui s’invite, voici l’instant où ce réseau de médiation, ce dispositif scénico-auditif se fissure et propose une extension aux lisières des genres capable de joindre dans un imaginaire dynamique le visuel et le sonore.
Le monde est vaste, …

jusqu’à l’excès, jusqu’à la disparition des formes sous la ligne d’horizon, jusqu’à la naissance d’un voir et entendre autrement, la naissance d’un ailleurs sans nihilisme ni nostalgie, un ailleurs qui régurgite les esthétiques pour leur simple beauté.
Le monde est vaste, encore…

où les corps (musicien, acteur, auditeur, spectateur) traversent leur propre monde, bouffent leur imaginaire et découvrent dans un mélange de stupeur et de joie qu’ils sont l’origine.

Christophe Bergon